lundi 8 novembre 2010



titre: Pour tant qu'il y aura des hommes
date: 2008
auteur: Hubert Reeves / Daniel Mermet / Les Ogres de Barback
catégorie: poésie


Je pense que l'humanité n'est pas nécessairement la favorite de la nature, que l'humanité peut très bien disparaître, que nous ne sommes pas une espèce sacrée, qu'il y a eu dix millions d'espèces animales jusqu'ici tandis que neuf millions ont été éliminés. On n'est pas l'espèce élue comme on l'a cru pendant longtemps, la nature peut très bien se passer de nous.

Dans un millénaire on parlera encore de ce millénaire. On ne sait jamais ce que le passé nous réserve, mais l’avenir ne reviendra pas. Et dans ce millénaire, c’est se siècle qui fera date et qui fera tache. Un siècle de turpitudes, nous en sortons exténués, inhibés, esquintés, la queue entre les jambes de l’humanité. Nuits et goulags, charniers et brouillards, dans la nuit, les feux d'artifices projettent
les ombres de la Colima, d'Hiroshima, et des trains pour Auschwitz plutôt que le premier pas d'un homme sur la Lune, Einstein tirant la langue, ou la beauté d'Ava Gardner. Mais l'une des ruses de l'histoire veut que les siècles commencent et finissent là où ils veulent. Ainsi de Sarajevo à Sarajevo, notre siècle a pris fin dans les débris de la chute du mur de Berlin. Fini le siècle des grandes impuissances, voici venu le siècle de l'évidence. Fin de l'histoire, pensée unique, nouvel ordre mondial. Plus rien à voir, circulez! Nous avons obtempéré; nous circulons sans rien voir.

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